
Pré-ado : derrière l’armure, notre enfant
Arrivé à la pré-adolescence, notre enfant construit doucement mais surement sa propre identité d’adulte. Pour apprendre à mieux se connaître et sonder ses propres aspirations, convictions et sensibilités, il a besoin de faire son expérience de la vie indépendamment de nous, ses parents. Une aventure dans laquelle il se lance souvent avec des airs de coq, plein d’assurance et parfois d’arrogance. Mais ne nous y trompons pas… Il a toujours besoin de nous. D’une présence effacée mais palpable et sécurisante. Alors, comment réagir et interagir avec cette nouvelle version de notre enfant ? Quelles sont les erreurs à éviter ?
Abordons ici quelques pistes pour réussir à conserver ce précieux lien qui nous unit.
Respectez ses choix
Musicaux, vestimentaires, amicaux… Nos enfants sont tout à fait en droit d’avoir des sensibilités différentes des nôtres, acceptons-les. Mais demandons-leur en échange la même souplesse quand ils lèvent les yeux au ciel ou soupirent quand nous passons « un de nos titres de vieux », ou quand nous portons une tenue « trop chum » … Pourquoi ne pas leur rappeler au passage que bébé ils adoraient les comptines. Les goûts évoluent ! Quoi qu’il en soit, tentons d’accepter la plupart de leurs choix et assumons les nôtres. Gardons également en tête que nos enfants traversent une phase de grand bouleversement hormonal, leurs émotions jouent le yoyo et leur corps change. Il leur faut alors apprivoiser ce nouveau corps et l’exercice peut être particulièrement difficile, notamment quand il s’agit de trouver une tenue en adéquation avec leur personnalité ou qui est en train de se façonner.
Même si vous ne reconnaissez pas votre enfant, tant que ses choix ne le mettent pas en danger, laissez-le tâtonner, accordez-lui votre confiance, il en a besoin.
Prouvez votre amour
En règle générale, sauf exceptions, il devient difficile de câliner un pré-ado et de lui dire notre amour sans le mettre mal à l’aise. Tout comme en retour, la pudeur qui s’installe avec l’adolescence les « interdit » de nous dire qu’ils nous aiment et pourtant leurs sentiments n’ont pas changé !
Quand les mots se font timides, il reste les preuves. Prouver son amour peut se faire de bien des façons : écouter ce qu’ils ont à dire et les questionner sans juger est une preuve d’amour ; s’intéresser à ses amis, écouter les anecdotes et s’enquérir des nouveaux rebondissements dans leurs histoires en est une autre. Autrement dit, être disponible, à l’écoute, les respecter, les encourager mais aussi poser des limites et ne pas céder, voilà autant de preuves que vos enfants sauront déceler.
Quant au lien physique, si les bisous vous sont refusés, osez une simple main posée sur son bras quand il vous parle, une caresse dans le dos au moment de partir au collège… En maintenant ces petits gestes, vous contribuez à entretenir le lien. Et si votre enfant accepte encore de se faire câliner, vous êtes bien chanceux ! Savourez chacun de ces moments !
Écoutez-le vraiment
Nous l’avons déjà évoqué, mais l’écoute est primordiale. Si votre enfant accepte de se confier ou de partager des bouts de son quotidien avec vous, arrangez-vous pour vous rendre tout à fait disponible. N’écouter que d’une seule oreille serait une véritable erreur et votre enfant se sentirait trahi, inintéressant et en manque de considération… La confiance en eux va et vient au rythme des hormones à cet âge. Ils ne doivent jamais douter qu’ils sont importants à vos yeux ! Alors écoutez-les jusqu’au bout, relancez la conversation, demandez des précisions, soyez empathique et ne leur coupez pas la parole ! Si dans leur discours quelque chose vous chiffonne, gardez-le dans un coin de votre tête et traitez le sujet quand votre enfant aura réussi à passer son message.
Attention à la forme
Il se peut que lors d’une altercation, le ton monte et que nos mots dépassent notre pensée, quand ils nous ont poussé à bout. Quand vous sentez monter la colère, inspirez profondément et tâchez de reporter la discussion en l’annonçant à votre enfant : « nous allons dire des choses qui dépassent notre pensée si nous continuons cette conversation maintenant et je ne le souhaite pas, je te propose de reprendre dans un moment »… Vous aurez alors le temps de voir les choses sans le prisme de la colère et de préparer vos arguments sans y inclure de jugement ou de mots malheureux.
Tâchez également quand vous avez un reproche à lui faire de ne pas employer le TU accusateur : « tu n’as pas fait ceci » mais de privilégier le JE pour exprimer comment vous le vivez : « je suis contrariée que tu n’aies pas fait ceci ». Tant que possible, adressez-vous à son cœur plutôt qu’à sa tête !
Passez du temps ensemble
Si spontanément votre enfant ne réclame pas à passer du temps avec vous, à vous d’aller vers lui. Osez le formuler sans détour : « j’aimerais passer un bon moment avec toi, est-ce que ça te dirait, et qu’est-ce que tu aimerais qu’on fasse ensemble ? ». Vous pouvez aussi tenter de l’attirer en commençant une activité qu’il aime sans lui et attendre qu’il ait envie de vous rejoindre. Parfois, juste par esprit de contradiction votre enfant refusera votre offre de partager un moment ; si c’est lui qui vient à vous, c’est différent. Lorsque vous êtes ensemble, tâchez de prendre du plaisir, d’être joyeux et enthousiaste, de prouver que d’être en sa compagnie vous rend heureux.
Respecter ses choix, son univers, l’écouter avec intérêt, l’encourager et le féliciter, notre adolescent a gardé toutes ses sensibilités d’enfant mais enveloppées de pudeur et parfois d’effronterie… Un mécanisme de défense pour cacher son tumulte émotionnel intérieur. Si parfois nous marchons sur des œufs pour interagir avec lui en cette période si particulière de sa vie, rappelons-nous ce qu’il est en train de vivre et soyons les repères rassurants et bienveillants dont il a tant besoin.