
Ados et réseaux sociaux : like or dislike* ?
La présence des adolescents sur les réseaux sociaux et l’importance qu’ils prennent dans leur vie préoccupent de plus en plus les parents d’aujourd’hui. Nous sommes généralement assez mal à l’aise de savoir nos enfants exposés à un univers sans frontières alors que jusqu’à présent, nous les avons fait grandir dans un cadre bien paramétré.
Sont-ils assez armés pour évoluer sans papa et maman dans ce monde virtuel (parce que telle est bien leur intention : s’émanciper de nous) ? Avons-nous fait tous les repérages, assez prévenu les risques, donné les consignes et les avons-nous dotés des bons outils pour les laisser évoluer seuls sur ces réseaux qui les fascinent ?
Voilà les bonnes questions à se poser avant de paniquer et de laisser les réseaux sociaux générer une tension entre nous et nos enfants et ternir le lien de confiance que nous avons tissé !
Voici quelques pistes qui devraient nous aider à adopter une attitude saine et constructive avec nos adolescents.
Pas de non-droit
Avant toutes choses, il est important de rappeler à nos enfants qu’Internet est un espace public régi par des lois et qu’on ne peut pas y faire n’importe quoi sous peine de sanctions. « Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous ! ». D’où l’importance de réfléchir à deux fois avant de publier, agir et interagir ! Le fait de rappeler que sur les réseaux sociaux vous n’êtes pas l’autorité suprême peut également s’avérer assez convaincant quand les enfants sont à l’âge de défier l’autorité parentale.
Des apparences trompeuses
Nos enfants auront tendance à se laisser impressionner par des récits de vie montés de toutes pièces, des photos mises en scène et retouchées, des situations sublimées… Pour leur éviter de souffrir de la comparaison avec ces profils contrefaits et de se sentir diminués, aidons-les à prendre un peu de recul et à exercer leur esprit critique. Nous pouvons par exemple leur proposer de nous faire parcourir les fils d’actualité de ces influenceurs qui les inspirent tant et de les « détricoter » ensemble. Et pourquoi ne pas jouer à les parodier ? Une manière judicieuse de faire descendre ces icônes parfois toxiques de leur piédestal.
La course aux likes
Sur les réseaux sociaux, nombreux sont les adolescents à dévoiler leur vie en attente de l’approbation de leurs contacts. Malheureusement, parfois, leurs publications ne remportent pas le succès espéré, voire reçoivent des commentaires négatifs. Pour limiter ce phénomène et entrer dans un cercle vertueux, incitons nos enfants à instaurer, aves ses amis, la bienveillance sur les réseaux sociaux. On récolte ce que l’on sème : si votre enfant se comporte de façon emphatique et bienveillante, les chances que son entourage face de même seront plus fortes !
Lucides face aux défis Facebook
Les réseaux sociaux ont été, ces dernières années, la scène de dizaines de défis dont les jeunes raffolent. Si certains sont « bon enfant », d’autres peuvent s’avérer plus risqués et ceux qui les relèvent sont souvent portés au rang de héros. Or, ce qu’il faut que vos enfants sachent, c’est que ceux qui se mettent réellement en danger se comptent sur les doigts d’une main ; la majorité des participants, malgré leur jeune âge et leur goût du défi, sait garder raison et contourner le risque grâce à un jeu de mise en scène ! Des effets spéciaux en quelques sortes !
Souvent aussi, tenter de dépasser des limites est une façon d’attirer l’attention.
Si vous avez cette discussion avec votre enfant, n’hésitez pas à lui rappeler que si quelque chose le taraude, s’il se sent un peu déprimé, l’important est d’apprendre à en parler, à se confier. Si ce n’est pas à vous, ça peut être à un autre adulte. Assurez-vous alors de créer autour de lui un réseau d’adultes vers qui il pourra se tourner en cas de problème.
Pas d'espionnage
Retenons-nous d’essayer d’intégrer leur univers virtuel. En les poussant à nous ajouter à leurs contacts sur les réseaux sociaux, nous ne ferions rien d’autre que de les inciter à créer un nou-veau profil pour garder l’anonymat…
Des profils bien paramétrés
Assurons-nous que nos enfants soient bien conscients de ce qu’ils partagent et avec qui. Les politiques et paramètres de confidentialité des différents réseaux sociaux évoluent constamment et il peut être assez difficile pour nos adolescents de tout appréhender. Aidons-les à bien para-métrer leurs comptes.
Les distraire des réseaux sociaux
Comme a pu l’observer la chercheuse Danah Boyd, constat qu’elle livre dans son ouvrage, lt’s complicated : the social lives of networked teens**, « la plupart des jeunes n’aiment pas parler avec des inconnus, […] ils s’en tiennent à leur désir fondamental d’adolescent : voir leurs amis, parler avec eux de leurs expériences et de ce qu’ils connaissent (comme la vie scolaire), tout ça à l’abri des parents ». Pour limiter la présence de nos enfants sur les réseaux so-ciaux et les en distraire, la solution serait peut-être alors de leur permettre de se réunir plus régulièrement avec leurs amis et sans chaperon, dans la vraie vie. Pourquoi ne pas leur suggérer des activités « captivantes » qui ne nécessitent pas l’utilisation des écrans. Pour garder un contrôle discret sur eux, nous pouvons par exemple leur souffler une idée avec un objectif, un résultat à la clé : leur laisser la maison un après-midi pour un atelier cuisine avec leurs copains et leur suggérer de nous inviter ensuite à une dégustation, preuve qu’ils se sont bien concentrés sur le thème prévu ! Ou leur suggérer une balade à thème, dans les environs, documentée d’un reportage photo qu’ils vous présenteront ensuite. Ressentant votre confiance et investis d’une mission, ils se laisseront peut-être prendre au jeu de très saines occupations, loin des écrans !
Du temps mieux employé
De manière générale, apprenons à nos enfants à maîtriser eux-mêmes le temps qu’ils passent sur les écrans en les aidant à en prendre conscience. Si leur téléphone n’est pas doté d’une application qui mesure le temps où ils ont été actifs sur leur écran chaque jour, incitez-les à en installer une et à constater la part de leur vie qu’ils dédient à Internet et aux réseaux sociaux. Ramené à la semaine, au mois voire à l’année, les chiffres peuvent être sidérant et avoir sur eux l’effet d’un électrochoc… À vous alors de les amener à s’interroger sur une façon plus enrichissante et réjouissante d’employer ce temps, en majorité perdu !
* aimer ou ne pas aimer
**C’est compliqué : la vie sociale des ados en réseau.
Quel que soit notre angle d’ « attaque » pour gérer ce sujet si préoccupant à nos yeux, l’important est finalement de nous assurer que ce que vivent nos enfants dans la vraie vie est plus riche que ce qu’ils expérimentent sur les réseaux sociaux. Les aider par tous les moyens à prendre confiance en eux en dehors d’Internet, valoriser tous les bons moments passés loin des écrans, les écouter, les encourager, les féliciter et les récompenser de manière bien plus gratifiante qu’un like sur un selfie !
Et vous, comment vivez-vous la présence de vos enfants sur les réseaux sociaux ? Quel contrat avez-vous passé avec votre enfant ? Comment vit-il vos réticences ? Êtes-vous ami avec lui sur les réseaux sociaux ? Racontez-nous !